AUTANT l’élection présidentielle 2019, plus particulièrement lors du second tour ayant porté démocratiquement et librement le Professeur Kaïs Saïed au palais de Carthage en tant que 7e président de la République, a suscité la fierté et l’orgueil légitimes des Tunisiens pour avoir surmonté, avec succès, une épreuve démocratique des plus difficiles et des plus sensibles, à savoir l’alternance pacifique au niveau de la magistrature suprême, autant certaines réactions ayant accompagné la victoire du nouveau chef de l’Etat, certaines pratiques qu’on impute — sans produire de preuves, faut-il avoir l’honnêteté de le souligner — à ses sympathisants et le silence assourdissant qu’on observe auprès de l’équipe de campagne prétendant parler au nom du nouveau locataire du palais de Carthage font froid dans le dos et réveillent les vieux démons de la division, de la sédition et de la haine qu’on croyait enterrés à jamais.
Et autant le monde a salué les avancées démocratiques réalisées en Tunisie à la faveur des élections législatives et présidentielle ayant accaparé l’attention des Tunisiens durant plus d’un mois, soit du 15 septembre dernier au 13 octobre, autant l’image rayonnante qu’on a réussi à répercuter de la Tunisie dans les médias étrangers et au sein des instances diplomatiques doit être préservée, à tout prix, contre toutes les tentatives qui visent à ternir les acquis démocratiques dont jouissent, aujourd’hui, les Tunisiens, en premier lieu la liberté d’expression et de la presse.
Les campagnes de dénigrement, d’atteinte à la réputation de certains journalistes et à la crédibilité de certains médias télévisés, sous le faux prétexte qu’ils colportent de fausses informations et répandent une propagande de nature à entacher l’image du président Kaïs Saïed s’inscrivent précisément dans ce mouvement de retour à la case départ et de tendance ou de propension excessive à détenir exclusivement la vérité et à se proclamer défenseurs zélés de la révolution et porte-parole attitrés du nouveau président de la République, au point de considérer que toute personne qui oserait exprimer la moindre critique à l’égard du contenu du programme présidentiel ou exprimerait une interrogation même à caractère méthodologique concernant les promesses répétées à longueur de journée par les «proches» du palais de Carthage comme antipatriotique ou ennemie de la révolution.
Plus encore, ces mêmes défenseurs autoproclamés de ce qu’ils appellent «le projet de la nouvelle construction» (sans que le président Kaïs Saïed ne se prononce encore publiquement pour les reconnaître ou les dénoncer officiellement) ne reculent pas malheureusement devant l’irréparable, à savoir menacer de mort ceux qui ne partagent pas leurs approches.
L’heure est grave et il est temps que les forces démocratiques se mobilisent pour étouffer la sédition dans l’œuf avant qu’elle ne se propage et ne fasse écrouler l’édifice démocratique national.